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Les macérâts huileux

Un macérât huileux est un principe ancien et facile à mettre en œuvre. Il consiste à mélanger des extraits végétaux dans un corps gras (solide à température ambiante) ou une huile (liquide à température ambiante) qui, jouant le rôle de solvant naturel, permet d’extraire par un simple pressage les principes actifs liposolubles. Par contre, le choix du corps gras de concentration est essentiel. En effet, le corps gras est sélectionné en fonction de ses propriétés intrinsèques, c’est-à-dire sa composition en acides gras ou son insaponifiable, qu’il peut ajouter à celles du végétal traité. Ainsi, une macération au soleil de millepertuis (Hypericum perforatum) dans de l’huile d’olive permet à cette dernière de s’enrichir en agents anti-inflammatoires du millepertuis. Le mélange final, qui combine les bienfaits de l’olive et du millepertuis, est recommandé dans le traitement topique des brûlures. Toutefois, le fait que la macération au soleil dure plusieurs semaines tend à altérer la qualité de l’huile d’olive. C’est pourquoi la durée d’imprégnation de l’extrait végétal par le corps gras est aujourd’hui considérablement réduite à quelques heures en chauffant le mélange à l’étuve, en atmosphère inerte pour éviter l’oxydation.

Les macérâts huileux sont depuis longtemps utilisés pour parfumer des corps
gras. En Haute-Egypte, on mélangeait des fleurs fraîchement cueillies à du suif (ou du
saindoux) bouillant pour solubiliser les essences de parfum. En 1860, les huiles essentielles sont piégées selon le même principe dans un corps gras, dénommé « pommade », pour ensuite être extraites par distillation alcoolique. En Polynésie, le monoï ou littéralement
« huile parfumée », est issu de fleurs de tiare récoltées au stade de boutons, qui sont mises
en macération dans de l’huile de coco pendant au moins deux semaines. L’appellation d’origine du monoï n’est accordée que si ces fleurs sont cueillies sur le territoire polynésien et si les proportions et délais de macération sont respectés.

Un macérât huileux permet aussi d’enrichir une huile en insaponifiable. La quinoa, Chenopodium quinoa, est une plante cultivée sur les hauts plateaux Andins. A l’origine, elle était une nourriture de base des Incas, connue sous son nom Quechua de chisiya mama, qui peut se traduire par « graine nourricière ». Elle disparut avec la conquête de l’Amérique du Sud par les Espagnols au XVe siècle et l’introduction dans la région de leur propre alimentation. Le contenu en lipides de la graine est de l’ordre de 6 %, mais surtout sa teneur en vitamine E est remarquablement élevée (54 mg/kg matière sèche) comparativement au germe de blé (12 mg/kg). Des études de macération de ces deux graines ont été réalisées pour comparer le transfert effectif des tocophérols totaux, en particulier de la vitamine E, dans de l’huile vierge de tournesol. Les résultats mesurent une teneur en vitamine E du macérât plus importante avec le germe de blé (790 ± 100 mg/kg huile) que la quinoa (650 ± 100 mg/kg). Cette observation suggère que le transfert des composés liposolubles n’est pas seulement dépendant de leur concentration dans la matrice végétale. D’autres critères, comme leur accessibilité ou la polarité de l’huile d’extraction, sont certainement à prendre en considération.

En conclusion, on retiendra des macérâts huileux qu’ils permettent d’extraire naturellement le contenu lipidique d’une graine ou d’une plante jugé trop faible pour une extraction économiquement rentable, et que l’huile de concentration, écologiquement propre, remplace un solvant usuel d’extraction comme l’hexane